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Photo du rédacteurMa Noya

L'art de G-DRAGON : Le roi de la K-pop

Salutations chers Kickers ! Dans l'industrie de la K-pop, il existe un homme que l'on a unanimement élevé au rang de Roi, tant son influence est grande. Un artiste des plus éclectiques, qui a inspiré bon nombre d'idoles et qui a imposé ses propres codes dans un milieu pourtant très restrictif. Et puisque le big boss de l'industrie est de retour, on ne pouvait pas rêver meilleure occasion pour lui consacrer un article. Aujourd'hui, nous parlons donc de celui qui règne sur la scène K-pop comme un dragon régnerait dans le ciel : Monsieur G-DRAGON.


Dans ce premier article, nous allons revenir sur sa carrière pour tenter de comprendre son art, ainsi que sur son récent single 'POWER', qui sert de pré-release à un prochain album. Et quand ledit album sortira, nous nous retrouverons pour y consacrer une analyse, histoire de faire les choses bien ! Mais en attendant, je vous propose de plonger dans l'univers excentrique et fabuleux de G-DRAGON, le roi de la K-pop.



Qui est G-DRAGON ?

crédit photo : YG Entertainment, 2017


Kwon Ji Yong, né en 1988 à Séoul. C'est à l'âge de huit ans seulement qu'il fait ses premiers pas sur scène avec un groupe d'enfants appelé Little Roo'Ra, qui, comme son nom l'indique, était une version enfantine de Roo'Ra, quatuor culte de la première génération de K-pop. Très vite, il développe un intérêt grandissant pour le rap, le hip-hop et la danse. Durant cette même période, il commence à s'entraîner tous les jours, répétant ses couplets et ses mouvements avec son voisin de palier et camarade de classe, un certain Choi Seung Hyun, que vous connaissez peut-être mieux sous le nom de T.O.P.


Toujours âgé de huit ans, le jeune garçon rejoint SM Entertainment en tant que trainee, où il se spécialise en danse. Il a été repéré par Lee Soo Man lui-même lors d'un concours de danse. Cependant, alors qu'il fête son treizième anniversaire, notre petit dragon commence à penser que SM n'exploite pas pleinement son potentiel et qu'il n'est pas à sa place. Dans son récent passage à l'émission You Quiz On The Block, il a déclaré ceci :


"Je me suis entrainé avec SM pendant cinq ans, mais en voyant les trainees les plus âgés, j'ai réalisé que je n'étais pas là où je devais être. Genre, je n'étais pas à la hauteur. Au fil du temps ils m'appelaient de moins en moins, et j'avais du mal à me frayer un chemin là bas. J'ai compris que j'avais besoin d'étudier autre chose, alors je me suis tourné vers le rap."


C'est suite à cela qu'il rejoint YG Entertainment, l'agence étant déjà à l'époque particulièrement réputée pour ses rappeurs. Dès son arrivée, il demande à ce qu'on l'appelle "G-DRAGON", en référence à son prénom : "G" se prononçant en anglais comme "Ji" et "dragon" étant la traduction du mot coréen "Yong". Ji Yong devient alors naturellement G-DRAGON. Audacieux mais surtout talentueux, le jeune homme participe immédiatement à plusieurs projets officiels du label.

Il sera en featuring sur l'incroyable morceau 'Storm' de Perry, et aura son propre couplet sur la chanson 'Hip-Hop Gentlemen', title du deuxième album de YG FAMILY. Il aura même droit à un titre en solo, 'My Age Is 13', le premier de sa carrière ! Preuve de la confiance que lui accorde l'agence, il montera même sur scène avec ses aînés pour se produire devant des milliers de personnes, alors qu'il n'a que quatorze ans.



Vous pourrez constater que mesdames criaient déjà pour lui à l'époque ! Mais surtout, vous verrez à quel point il était à l'aise sur scène, restant professionnel malgré une chute inattendue.


Il continuera à s'entraîner au sein de l'agence, et lorsqu'il aura dix-huit ans, en 2006, il débutera officiellement avec l'immense groupe BIGBANG, pour lequel il est le plus connu aujourd'hui.

crédit photo : YG Entertainment, 2006


Un groupe qui n'existerait pas sans lui, puisqu'en plus d'en être le leader, c'est lui qui a rattaché T.O.P et Daesung au projet. Il occupera également le rôle de directeur artistique et produira l'immense majorité des morceaux de BIGBANG. Mais, bien que j'adorerais parler d'eux pendant des heures, j'aimerais que nous nous concentrions sur G-DRAGON et sa carrière solo. Si l'histoire de ce groupe culte vous intéresse, il y a déjà un article à ce sujet !


Et maintenant que vous savez d'où vient G-DRAGON on va pouvoir commencer à parler de sa musique et de l'impact de celle-ci sur l'industrie K-pop.



La musique de G-DRAGON : quand l'art n'a pas de limites


Je fais partie de ceux qui pensent que les seules limites d'un artiste sont celles qu'il s'impose lui-même. Cependant, s'il y a bien un homme en Corée du Sud qui ne s'en est jamais fixé, c'est bien G-DRAGON. Bien qu'il ait d'abord été passionné de rap et de hip-hop, cet intérêt s'est très vite transformé en une mélomanie aussi furieuse qu'éclectique, l'amenant à s'essayer à une multitude de styles différents, à travers la discographie de BIGBANG, mais surtout à travers la sienne.



Heartbreaker : les premiers pas en solo


Le 18 août 2009, le jour de son anniversaire, notre artiste sort 'Heartbreaker', son tout premier album solo. Presque entièrement composé et écrit par lui, cet album sera un franc succès, tant sur le plan critique que commercial.

crédit photo : YG Entertainment, 2009


La title portant également le nom de 'Heartbreaker', est à ce jour encore l'un des singles les plus performants jamais sortis en Corée du Sud, et l'album se vendra à plus de 248.000 exemplaires dès sa sortie selon Korean Sales. A ça s'ajoutent pas moins de 3 millions de ventes digitales juste en 2009. Un des plus gros succès de son époque, qui s'explique assez facilement.



À ce moment-là, le jeune homme était surtout connu pour ses travaux avec BIGBANG, et donc pour ses créations se rattachant beaucoup au hip-hop et au R&B.Cependant, il a profité de ses débuts en solo pour explorer un tout autre univers musical. Avec l'omniprésence de l'autotune, un synthé surutilisé et un beat se rapprochant des sonorités techno, 'Heartbreaker' représentait un véritable vent de fraîcheur pour son époque, et constitue aujourd'hui une véritable capsule temporelle.


Avec ce morceau, G-DRAGON dévoilait une toute nouvelle facette, non seulement de lui-même, mais aussi de son génie créatif. Cela se reflète dans l'album : bien que celui-ci soit ancré dans des sonorités techno et house, il se permet tout de même d'explorer divers styles. On y trouve des morceaux très dynamiques tels que 'The Leaders', 'Breathe' ou 'She's Gone', mais aussi quelques titres à l'atmosphère plus douce et au ton plus léger, comme 'A Boy' ou 'Butterfly', que j'affectionne particulièrement.



Selon moi, avec cet album, G-DRAGON avait vraiment pour but de prouver qu'il pouvait s'éloigner de la K-pop traditionnelle, mais surtout d'affirmer la diversité avec laquelle il sait créer de la musique. Cela se reflète également dans la liste des invités présents sur l'album, puisqu'on y retrouve des artistes de tous horizons. Parmi eux, on compte Dara et Taeyang, également stars de la K-pop, Kim Gun Mo, un chanteur de pop et de ballades des années 90, Jin Jung, qui semble peu connue en dehors de sa participation à cet album, ou encore Jimmy Thörnfeldt, complètement extérieur à la scène sud-coréenne puisqu'il est un producteur et artiste suédois.


Et c'est une grande réussite : non seulement il a su surprendre tout le monde en se dévoilant sous un nouveau jour, mais il a également su conquérir les fans et les critiques, qui aujourd'hui encore continuent d'encenser l'album. D'autant plus que, parmi les membres des groupes de la deuxième génération de K-pop, GD a été l'un des premiers à débuter en solo, et surtout l'un des rares à le faire avec un full album plutôt qu'un EP.



'One Of A Kind' : la naissance du roi


Selon moi, son véritable règne sur l'industrie débute avec la sorti de cet EP.

crédit photo : YG Entertainment, 2012


Alors qu'il avait déjà laissé tout le monde bouche bée avec son premier album, G-DRAGON continue d'affirmer son style audacieux et ses idées hors du commun avec son premier EP, 'One of a Kind'.



La title, qui porte à nouveau le nom de l'album, met cette fois en avant une rythmique bien plus lente et un ton global plus grave, avec une instru épurée qui laisse de la place à la voix du rappeur. Ici, l'accent est mis sur le texte et la manière dont il est interprété. G-DRAGON parle de lui-même et de son influence naissante sur l'industrie, vantant sa réussite en tant que musicien et l'unicité de son art. Il évoque notamment les résultats de ses activités musicales, mettant en avant son succès et sa richesse malgré son très jeune âge.


Cette assurance se ressent dans la manière dont il délivre son texte, avec un ton calme et une fluidité exemplaire, particulièrement lors du premier couplet. Cela traduit clairement la confiance qu'il a en lui et en ses écrits : pas besoin d'en faire trop, les faits parlent d'eux-mêmes.


Le mini-album comporte cinq autres morceaux, le plus culte d'entre eux étant certainement 'CRAYON' : un titre complètement déjanté et excentrique qui, là encore, vante les mérites de l'artiste, mais dans un style bien différent.



Cette fois-ci, l'audace laisse place à l'extravagance, et l'écriture simple et efficace se transforme en une plume enflammée, aussi subtile que référencée, avec une pointe de provocation.Un mélange unique qui donnera naissance à rien de moins que l'un des meilleurs textes jamais écrits par un artiste sud-coréen. Sérieusement, il y a tellement de détails dans ces paroles qu'il me faudrait un article entier pour vous en expliquer toutes les subtilités. Nous allons donc tâcher d'aller à l'essentiel.


Le texte de 'CRAYON' utilise des métaphores et des jeux de mots inventés par Ji Yong lui-même, toujours pour exprimer une certaine prétention et une confiance absolue en soi. Parmi les phrases les plus marquantes, on peut citer :


D'abord l'iconique "Get your crayon", Ici, le mot "crayon" n'est pas choisi au hasard, puisqu'il peut se décomposer en "cray - on". Le mot "cray", issu de l'argot anglais, signifie "crazy" (soit "fou" en français). Ainsi, la phrase peut être interprétée comme "get your crazy on", que l'on pourrait traduire par une invitation à laisser la folie nous gagner. Partant de ce postulat, certains fans pensent que la phrase "Get your crayon" est une référence directe à la chanson 'Get Ur Freak On' de Missy Elliott, une artiste que G-DRAGON semble apprécier puisqu'il a déjà collaboré avec elle.


Ensuite, il y a la phrase "Miss Miss, I’m a pure Ji Yong Chy", qui est à la fois très intéressante et lourde de sens. "Ji Yong", comme vous le savez, est le vrai prénom de l'artiste, tandis que "Chy" fait écho au mot coréen "씨" (prononcé "shi"), une formule de politesse. Si je dis "Ji Yong-shi", je m'adresse à Ji Yong de manière respectueuse, ce qui pourrait être traduit par "Monsieur Ji Yong". Le "shi" a ici été réorthographié en "Chy" pour former "Ji-Yong-Chy", une référence subtile à la célèbre marque de luxe française Givenchy. Tout en jouant sur son prénom, cette phrase met en avant le goût prononcé de G-DRAGON pour la haute couture, ainsi que son importance dans le monde de la mode. Rappelons que G-DRAGON est sans conteste l'idole de K-pop le plus influent et respecté dans ce domaine à l'international.


Le texte de "CRAYON" est aussi ultra référencé, le but étant toujours de rappeler le statut de star influente du rappeur. Par exemple, la phrase "viens là Gwiyomi, ton copain est un Jjimoti" utilise deux termes coréens assez obscurs. À savoir, "Gwiyomi", qui désigne une personne douce et mignonne, et "Jjimoti", qui, dans ce contexte, se traduirait par "un homme qui ne peut pas te protéger". En replaçant la phrase dans le contexte de la chanson, on peut l'interpréter comme une invitation claire à suivre G-DRAGON plutôt que les autres artistes, ces derniers n'étant pas à la hauteur.


Et on finira avec la phrase : "Ma carte bancaire est noire, utilise-la autant que tu veux". Celle-ci fait référence à la Black American Express Card, une carte bancaire noire réservée aux ultrariches, accessible uniquement sur invitation. Là encore, il s'agit d'une référence directe à son immense richesse.


'CRAYON' est donc une chanson qui s'adresse aux fans à travers la métaphore d'une petite amie, un procédé très courant dans le monde de la K-pop. Je trouve qu'il était très ingénieux d'utiliser une métaphore aussi commune d'une manière aussi unique et sur un ton aussi prétentieux, affirmant sans crainte sa volonté de se mesurer aux autres artistes. Enfin, dites-vous que ce que vous venez de lire ici est la version courte de l'analyse que j'avais écrite à la base, et non, ce n'est pas une blague.


Ce qui est amusant, c'est que le reste de l'album est beaucoup plus calme. Chaque chanson explore un style radicalement différent, et les quelques artistes en featuring sont des personnes bien éloignées du rap et de la musique vantarde, mais dont la présence n'est pas anodine pour autant. Kim Jong Wan, chanteur du cultissime groupe NELL, avec qui il interprète  'Today', et Kim Yuna, chanteuse du non moins célèbre groupe Jaurim, qui apparaît sur le morceau 'Missing You', sont deux légendes vivantes de la musique sud-coréenne. Deux véritables icônes issues d'un milieu complètement opposé à la K-pop, à savoir le rock indépendant et alternatif. Le message est on ne peut plus clair : le nom de G-DRAGON ne se cantonne plus à la K-pop, mais bien à la Musique avec un grand M. Il peut se permettre le luxe de travailler avec n'importe quelle figure, dans n'importe quel courant musical.


Mais mon morceau préféré de l'album, et certainement de toute sa discographie c'est 'Without You', en featuring avec une jeune chanteuse qu'on appelait à l'époque "Of New YG Girlgroup", et que l'on retrouvera quelques années plus tard sous le nom de Rosé du groupe BLACKPINK.


Cette chanson est un pur chef-d'œuvre. Avec une atmosphère magnifique, à mi-chemin entre la mélancolie et le doux rêve, 'Without You' traite de la douleur que peut infliger l'amour, et de la difficulté à y croire à nouveau après en avoir souffert. C'était d'ailleurs le premier projet musical officiel de Rosé.


Et enfin, la dernière chanson dont nous n'avons pas encore parlé est 'That XX', une belle ballade acoustique qui met en avant les talents de chanteur de l'artiste.


Le clip mettait en avant une jeune femme qui allait, elle aussi, devenir membre de BLACKPINK, à savoir Jennie. Là encore, il s'agit de sa toute première apparition dans un projet officiel de YG Entertainment.


'COUP D'ETAT' : la suite du règne


Cette partie sera bien plus courte, car avec son deuxième album studio 'COUP D'ETAT', le monarque continue simplement de s'affirmer comme un pur génie de la musique et comme celui qui trône au sommet de l'industrie. Plutôt que de s'attarder sur tous les morceaux de cet album, concentrons-nous plutôt sur la chanson phare, qui en porte tout le message.

crédit photo : YG Entertainment, 2013


Commençons par la title, qui encore une fois est éponyme.

Nous sommes en 2013. À présent, G-DRAGON est une véritable icône de la K-pop, et il en est pleinement conscient. Cette chanson est en quelque sorte la continuité, voire la concrétisation, de 'CRAYON' et 'One of a Kind'.


Rien que le titre, 'COUP D'ETAT', est assez explicite. Pour ceux qui auraient dormi en cours d'histoire, un coup d'État, pour faire simple, c'est une prise de pouvoir par la force. Dans le contexte de l'album, ce terme évoque la manière dont notre artiste s'est imposé comme le leader de l'industrie. Comme nous l'avons vu avec les chansons précédentes, avant d'être l'icône mondiale que l'on connaît aujourd'hui, G-DRAGON parlait déjà de lui-même comme d'un géant de l'industrie. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il avait vu juste.


Dans ce morceau, plutôt que de simplement vanter ses qualités d'artiste, il parle de sa réussite et surtout de son nouveau statut d'icône de la K-pop. L'une des phrases les plus marquantes est la suivante :


"Je gagne de l'argent avec des dents", qui fait écho au fait que, pour une personnalité publique de sa trempe, un simple sourire pris en photo peut devenir une source de revenus. À ce stade, l'artiste a pleinement conscience de son statut et de son influence au sein de l'industrie, et il n'a pas peur d'en parler. Quitte à paraître prétentieux ou à se montrer critique vis-à-vis de la K-pop.


Une autre phrase qui a beaucoup fait parler d'elle est : "Si le temps c'est de l'argent, alors je suis si pauvre." En plus d'être une référence à la célèbre expression "le temps, c'est de l'argent", cette phrase critique ouvertement le surmenage des idoles de K-pop.


Musicalement parlant, on a affaire à un morceau de rap au ton plutôt grave et solennel, voire même légèrement menaçant, qui, encore une fois, traduit une attitude assumée et une confiance inébranlable en soi.


Avec tout cela, on commence à cerner un personnage plus que sûr de lui et de ses capacités, parfois à la limite de l'arrogance, tout en restant étonnamment terre-à-terre. Cela se ressent tant dans ses textes que dans l'éclectisme de ses mélodies, puisque notre big boss n'a jamais eu peur de s'essayer à une multitude de styles différents. C'est assez ironique quand on sait que Ji Yong est également connu pour être quelqu'un de très timide et humble dans la vie de tous les jours. Et cela nous amène à la partie suivante, où nous allons voir pourquoi ce rôle de monsieur confiance en soi est l'une des plus grandes forces de G-DRAGON.


Mais avant cela, faisons un bref détour par sa chanson 'CROOKED', qui reste à ce jour son plus grand succès, et qui a été publiée sur cet album.





L'art de la prétention

crédit photo : Someday, 2016


On a souvent tendance à associer la prétention et la vantardise à des attitudes négatives. Surtout lorsqu'elles proviennent d'une personnalité publique, cela peut être perçu comme un manque de considération pour les autres. Cependant, dans le cas de notre protagoniste du jour, je pense sincèrement que cela n'a rien de malsain. Bien au contraire.


De toutes les industries du divertissement à travers le monde, la K-pop est connue pour être non seulement l'une des plus exigeantes, mais surtout l'une des plus compétitives. Pour y survivre, il faut répondre à des critères extrêmement sélectifs, imposés tant par les fans que par les agences des artistes. Et par-dessus tout, c'est un milieu où la critique primera toujours sur les félicitations. C'est un problème qui découle de la mentalité sud-coréenne, et qui se répercute d'autant plus sur les célébrités.


Mais en adoptant une attitude vantarde, en arborant une confiance en soi inébranlable, et surtout en n'ayant pas peur de le dire haut et fort tout en critiquant l'industrie, G-DRAGON se place au-dessus de cette compétition maladive. Il a décidé, de son propre chef, qu'il n'avait rien à prouver, ni à son agence, ni à ses fans. Il est le premier idole à avoir réussi à faire faux bond aux règles rigides de la K-pop, le premier à avoir défié l'autorité tacite du public et des compagnies qui dirigent ce manège.


Voilà pourquoi, plutôt que d'y voir quelque chose de péjoratif ou d'irrespectueux, j'y vois un grand courage. S'opposer à une industrie qui vous rappelle constamment que vous lui êtes soumis demande au moins la force d'un dragon.



Cette défiance, il l'exprime aussi en dehors de ses albums. L'intro de cette performance, par exemple, est un couplet qu'il a presque entièrement improvisé sur scène lors de l'édition 2014 des MAMA. Il y fait preuve d'un sarcasme cinglant et attaque directement les têtes pensantes de la cérémonie. Cette prestation a été autant critiquée que saluée, mais quoi qu'on en dise, cela demande du courage de venir sur la scène d'un géant pour le ridiculiser.


Pour moi, c'est précisément cela qui fait de lui le roi de la K-pop : c'est lui et lui seul qui en a décidé ainsi. Puisque l'industrie ne félicite pas ses idoles, il n'attendra pas après elle pour obtenir un titre ; il se le forgera tout seul. G-DRAGON est celui qui a clairement rappelé aux dirigeants de cette industrie, lorsqu'ils commençaient à prendre trop de pouvoir, que leur petit monde tourne grâce aux idoles et à leur travail acharné, et non l'inverse.


C'est une mentalité que l'artiste a insufflée tant dans sa carrière solo que dans celle de BIGBANG, car ils ont toujours été un groupe très à part. Que ce soit musicalement ou en termes de fonctionnement, c'est un groupe qui, en grande partie grâce au leadership de GD, a créé ses propres codes pour exister dans le monde de la K-pop. Ils n'ont jamais été aussi productifs que les autres groupes, n'ont jamais été adeptes des performances de danse millimétrées, et n'ont jamais eu peur d'innover.


Mais derrière cette carapace faite d'écailles de dragon et de pur charisme, il y a un homme avec ses faiblesses et ses doutes. Et cet homme, toujours dans une démarche de courage, s'est confié à ses fans et au monde entier à travers un EP absolument légendaire, auquel nous allons dédier la partie suivante de cet article.



'KWON JI YONG' : Le martyr derrière l'artiste

crédit photo : ANTARA, 2024


C'est quelque chose que l'on oublie bien trop souvent dans la K-pop : derrière chaque idole, il y a des hommes et des femmes, eux aussi faits d'émotions, de forces et de faiblesses.


Dans son EP 'KWON JI YONG', l'artiste tombe le masque et délivre un portrait beaucoup plus humain et personnel. En seulement cinq chansons, il partage des émotions jusqu'alors dissimulées et ouvre son cœur, non seulement à ses fans, mais à l'industrie tout entière. C'est d'ailleurs pour cela que l'EP porte sobrement son nom : Kwon Ji Yong.


Le bal s'ouvre avec 'Middle Fingers-Up', qui, malgré son rythme enjoué, est un morceau dénonciateur, chargé de colère.



Celui-ci s'adresse à une partie de l'industrie du divertissement, qui, selon lui, fait preuve d'une grande hypocrisie. Il y évoque plus précisément ceux qui essaient de s'approcher de lui sous couvert de fausse bienveillance, pour au final profiter de sa notoriété. L'un des passages les plus explicites dit ceci :


"Qu'est-ce que tu viens de dire, petit ? "On s'est déjà rencontré" tu dis ? Eh bien non.


Tu me dis "Je suis proche de Seungri" et alors quoi ?


Tu me demandes "peux-tu me passer moi ton numéro pour qu'on puisse aller boire un coup un jour, je connais plein de jolies filles"


Mais pourquoi devrais-je te donner mon numéro ? Qui diable es-tu ?"


Lorsque la chanson est sortie, beaucoup de gens pensaient d'ailleurs que cette partie visait quelqu'un en particulier. Mais à ma connaissance, l'artiste ne s'est jamais exprimé pour le confirmer. Quoi qu'il en soit, 'Middle Fingers-Up' exprime la colère de G-DRAGON de manière très explicite, notamment à travers des paroles très abruptes. Le refrain, par exemple, dit ceci :


"Pouce, index, annulaire, petit doigt,

pliez les et soulevez votre majeur

Levez le, faite le tourner, jouez avec eux,

Maintenant mange le, bordel mange le, mange le"


Il invite donc cordialement les personnes concernées à "déguster leur doigt", et je pense que je n'ai pas besoin de vous expliquer quel autre organe masculin peut être évoqué par l'image du majeur levé. J'aime beaucoup cette chanson, car je trouve qu'une honnêteté aussi brutale est vraiment la bienvenue dans un milieu aussi superficiel que celui de la K-pop. D'ailleurs, j'aimerais sincèrement que davantage d'artistes utilisent leur musique pour s'exprimer aussi librement.


Ensuite vient ce qu'il appelle l'act I, 'BULLSHIT'.



Un titre musicalement bien plus charismatique que le précédent, et aussi nettement plus vulgaire. Il en existe plusieurs interprétations, alors je vais vous donner la mienne.


Selon moi, 'BULLSHIT' est une chanson qui s'adresse avec dégoût aux dirigeants de l'industrie K-pop. Par là, j'entends les têtes pensantes des labels de musique, les producteurs, les actionnaires, etc. Il utilise notamment beaucoup de vocabulaire canin pour les désigner, en les qualifiant de "chiens" tout au long du texte. Plus précisément, je pense que ce morceau parle de la manière dont les grands de l'industrie écrasent les idoles, les utilisant pour amasser le plus d'argent possible, et ce, au détriment des valeurs humaines.


"Je suis né serein et calme, mon destin n'est que conneries" pourrait sous-entendre que celui-ci se voit destiné à subir les travers de ses supérieurs en raison de sa nature plutôt discrète, donc pas forcément enclin à se rebeller ouvertement. Je pense que c'est aussi pour cela que ses reproches passent par la musique, car c'est là qu'il est le plus à l'aise.


La phrase "Tu t'amuses bien avec mon fric? Mon pote, paye moi comme tu me le dois" me conforte dans cette idée, car on sait à quel point les idoles peuvent être mal rémunérés par rapport à la charge de travail à laquelle ils sont soumis.


Enfin, on peut aussi noter la présence d'aboiements dans la musique, ainsi que l'utilisation de paroles volontairement brouillonnes telles que "Bow-wow-wow Yepi-yo-yepi-ye" comme s'il s'adressait à des personnes qu'il considère comme étant un peu limitées — pour rester courtois.



En second act vient 'SUPER STAR', une chanson au ton plus léger que la précédente, mais pas moins lourde de sens pour autant.



Celle-ci laisse de côté les reproches et autres piques assassines pour délivrer un récit plus personnel. Malgré son rythme dynamique et son ton enjoué, 'SUPER STAR' est un morceau extrêmement triste.


G-DRAGON y parle de la solitude avec laquelle il doit vivre chaque jour, malgré son statut de star mondiale. Une belle maison, de belles voitures, du succès auprès des femmes... Il faut croire que tout cela ne fait pas le bonheur. Je trouve très intéressante la dualité entre la rythmique joyeuse de la musique et la tristesse absolue des paroles. Il insiste notamment beaucoup sur les phrase "I need somebdy" et "I ain't got nobody", mettant ainsi l'accent sur son sentiment de solitude.


Vient ensuite l'act III, et rien de moins qu'une de mes chansons préférées, la célébrissime 'Untitled, 2014'



Je pense ne pas trop m'avancer en disant qu'on a tous été bouche bée quand il a sorti ce chef-d'œuvre, alors qu'il l'avait à peine teasé.


'Untitled, 2014' se démarque des autres chansons de l'album en se rapprochant d'une ballade façon "Piano & Voix", et surtout par sa simplicité technique. Par là, j'entends que la chanson est très peu arrangée ou mixée, lui donnant un côté plus naturel. On y entend une très légère reverb sur la voix du chanteur, mais c'est tout. En raison de la partition mélancolique et de la voix émouvante de l'interprète, on pourrait penser que l'émotion principale véhiculée par cette chanson est la tristesse, mais pour moi, c'est plutôt de la peur.


Il faut comprendre qu'à cette période là, nous somme 2017, et les membres de BIGBANG savent qu'ils vont devoir se séparer pendant un moment pour effectuer leur service militaire. Et ça s'ajoute le scandale de drogue de T.O.P, qui a profondément affecté le groupe. Malgré leur statut de piliers absolus de l'industrie, à ce moment-là l'avenir du groupe est alors incertain : ils ne savent pas quand ils pourront se produire ensemble à nouveau, ni surtout si leurs fans seront toujours au rendez-vous.


Dans cette chanson, l'artiste s'adresse à ses fans le plus honnêtement possible, et leur fait part de ses craintes quant à un éventuel éloignement. La simplicité musicale du morceau est clairement faite pour mettre l'accent sur le texte, et l'effort incroyable mis dans la performance vocale traduit la dévotion de G-DRAGON envers ses fans. Aujourd'hui encore, c'est l'un des plus grands succès de sa discographie.



Enfin vient l'outro, joliment appelée "Divina Commedia", qui conclue magnifiquement l'EP.



C'est une chanson extrêmement riche de sens, qui, contrairement aux précédentes, ne se focalise pas sur une seule émotion. Il y évoque la fierté liée à son succès, les doutes qui en découlent, la solitude... On pourrait presque dire que cette chanson, à elle seule, est une sorte de portrait de Kwon Ji Yong. Je trouve d'ailleurs qu'elle constitue une conclusion parfaite à un EP aussi personnel.


Côté musique, il utilise un sample du morceau 'Veridis Quo' de Daft Punk (cocorico !) qu'il a réarrangé à sa manière, façon hip-hop, pour y être le plus à l'aise possible. L'instrumental est plutôt simple, mais très efficace, car elle instaure dès le début une atmosphère pesante qui transmet à merveille les émotions du rappeur.


Bien que cet EP soit très personnel, il s'inspire également de La Divine Comédie de Dante Alighieri. C'est un poème très ancien, écrit au tout début des années 1300, composé de trois grandes parties. D'où les trois "acts" entourés par une intro et une outro. Je n'ai pas vraiment les connaissances nécessaires pour vous faire un cours complet sur cet ouvrage, mais il est important d'en parler au moins dans les grandes lignes pour comprendre ce que GD a voulu transmettre à travers cet EP.


Ce poème raconte un voyage supraterrestre à travers l'Enfer, le Purgatoire, puis le Paradis. Je pense qu'il est assez évident que cela fait écho au calvaire que traversent les idoles pour atteindre une situation correcte, qui semble paradisiaque comparée aux années de trainee et des premières années d'activité. Tout comme 'Divina Commedia' est l'œuvre maîtresse de Dante, 'KWON JI YONG' est le point culminant de la carrière de G-DRAGON, tout autant que de la vie de Kwon Ji Yong. Sortir un tel EP après avoir atteint le sommet, sans savoir s'il y en aura d'autres, je trouve cela à la fois magnifique et lourd de sens. Et il faut croire que ce geste a touché les fans, car à sa sortie, l'EP s'est classé en tête des charts dans plus de quarante-cinq pays.


Comme vous le savez sûrement, s'en est suivie une longue pause de sept ans, avant que l'artiste ne revienne sur le devant de la scène avec un nouveau single et un album annoncé. Et ce sera notre dernière partie.



'POWER' : le retour du roi

crédit photo : Galaxy Corporation, 2024

Cette belle année 2024 nous aura offert le retour de bons nombre d'artistes, dont celui de G-DRAGON.


Ce 31 octobre, notre génie de la musique nous présenta 'POWER', un single de pre-release annonçant la sortie prochaine d'un album.


En plus d'être la première sortie de GD en sept ans, cette chanson dynamique et même fanfaronne marque le retour de notre personnage vantard et sûr de lui, s'attribuant lui-même les titres de "légende vivante" et de "G.O.A.T" dans son texte.


Toujours très orienté hip-hop, ce single est une véritable claque en matière de composition et de song-building. Avec son beat qui semble composé d'instruments à cuivre, ses percussions profondes et son rap façon crunk, 'POWER' est non seulement unique en son genre, mais impose un rythme véhément qui vous restera en tête.


Que ce soit dans sa mélodie ou dans son texte, cette chanson n'avait pas seulement pour but d'annoncer le retour de l'artiste, mais surtout de faire passer un message clair : le seul et unique G.O.A.T, comme il le dit, c'est lui. Tel un dragon qui impose sa loi dans le ciel, malgré son absence prolongée, G-DRAGON règne sur l'industrie en maître.


Nous aurons l'occasion de revenir sur cette chanson plus en détail lors de la sortie de l'album complet. Mais pour l'instant, il est temps de conclure.



Conclusion


Après tout ce qu'on vient de dire, il est difficile de remettre en question le titre de roi de la K-pop de G-DRAGON.

crédit photo : ELLE, 2024


Croyez-moi, il y aurait encore énormément à dire, que ce soit sur sa musique ou sur la manière dont son art s'exprime au-delà de sa discographie, mais je pense que je vous ai déjà assez retenu.


G-DRAGON est un artiste des plus complets, qui excelle tant dans la réflexion que dans la création, sans oublier qu'il est un véritable all-rounder quand il s'agit de performer. Au fil des années, il a su mettre son talent au service de messages forts, qui donnent toujours un sens très profond à ses chansons. Il est celui qui a réussi à défier les règles de l'industrie K-pop par son audace et ses compétences musicales. Il est le roi absolu de ce milieu, et je vous invite à chercher le nombre d'idoles qui l'ont publiquement reconnu comme le plus grand artiste de K-pop : vous pourriez être surpris de voir que de nombreux chanteurs parmi les plus populaires du moment lui rendent hommage.


Son charisme, ses idées, sa vision de la musique, et son talent de performer ont donné envie à pléthore d'idoles de se lancer dans la course, en suivant les codes qu'il a lui-même instaurés. Au-delà d'en être le roi, il incarne la K-pop à travers sa musique.

J'espère que vous aurez apprécié cet article, en tout cas moi je suis ravi d'avoir pu vous parler de cet homme pour qui j'ai un respect éternel. J'espère donc avoir réussi à vous transmettre toute ma passion pour son travail, et si c'est le cas, n'hésitez pas à interagir avec moi pour qu'on est discute ! Pour ça vous pouvez me suivre sur mon Instagram, c'est toujours un plaisir de converser avec vous. Je vous retrouve bientôt pour parler de son nouvel album, et d'ici là comme d'habitude je vous souhaite de vous porter au mieux.




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