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Pourquoi les couples chez les idols dérangent autant ?

Il y a quelques semaines, une rumeur visant Winter du groupe AESPA et Jungkook de BTS a enflammé les réseaux sociaux. À l’origine, un détail apparemment anodin : un tatouage similaire aperçu chez les deux artistes. Très vite, la spéculation s’est transformée en controverse. Des fans ont exprimé leur mécontentement et en Corée du Sud, des camions de protestation ont même été envoyés devant les sièges des agences concernées, SM Entertainment et HYBE.


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Pourtant, Winter et Jungkook sont des adultes, des artistes reconnus, appréciés pour leurs performances et leurs chansons à la tonalité souvent mature (cf : Seven de Jungkook ou Lucid Dream d'Aespa). Ils sont admirés, suivis, soutenus financièrement et émotionnellement par des millions de fans à travers le monde. Pourquoi alors, dans ce contexte, l’idée qu’ils puissent être en couple provoque-t-elle autant de réactions négatives, en particulier en Corée du Sud ? D’où vient ce manque de soutien apparent des fans, et comment l’expliquer ?


Pour comprendre ce phénomène, il faut plonger au cœur de la culture idol, de la relation parasociale fan / idol et de la société coréenne.


L'impression d'intimité dans la relation parasociale fan / idol


La relation parasociale est un concept central pour comprendre le malaise que provoquent les relations amoureuses des idols surtout en Corée du Sud. Celle-ci désigne ce lien unilatéral que le public développe avec une personnalité médiatique. Dans le cas des idols de K-Pop, cette relation est particulièrement intense grâce à tout le contenu disponible sur internet. Les fans connaissent la date de naissance de leur artiste préféré, ses goûts musicaux, ses plats favoris, son parfum, ses habitudes quotidiennes. Ces informations sont distillées à travers des émissions de télé-réalité, des vlogs, des lives, des interviews et des contenus exclusifs réservés aux membres des fans clubs.


Progressivement, l’idol cesse d’être perçu comme une figure lointaine. Il devient presque un ami, parfois même un membre de la famille. Cette proximité construite artificiellement mais entretenue de manière constante crée une illusion d’intimité. Lorsque l’idol annonce une relation amoureuse, cette illusion se brise. Le fan a l’impression qu’un tiers s’immisce dans leur relation qui, bien que fictive, était émotionnellement réelle pour lui. On a également le cas avec certains influenceurs ou même acteurs.


En France, cette relation parasociale existe également, mais elle est souvent vécue avec plus de distance. Les fans français, même très investis, ont tendance à considérer plus facilement que l’idol joue un rôle public et qu’une partie de sa vie privée leur échappe légitimement. En Corée du Sud, en revanche, cette frontière est beaucoup plus floue.


“Je te donne, donc tu me dois”


Dans le drama IDOL I, diffusé récemment sur Netflix et Viki, cette dynamique apparaît de manière frontale et dérangeante. La série, portée par Choi Sooyoung, une avocate choisie pour défendre son idol préféré interprété par Kim Jae-young on peut voir une scène marquante. Une fan obsessionnelle confronte directement une idole en lui rappelant tout ce qu’elle a investi pour lui. Son discours est glaçant : elle évoque l’argent dépensé, le temps consacré, les sacrifices faits, et exige en retour reconnaissance et attention, ainsi que son numéro de téléphone. Le message implicite est clair : « Je t’ai soutenu, donc tu me dois quelque chose ». Cette scène, loin d’être exagérée, résonne fortement avec la réalité du fandom en Corée du Sud.


En Corée du Sud, être fan n’est pas seulement une passion, c’est un engagement. Acheter plusieurs versions d’un album, collectionner le merchandising, assister aux concerts, participer aux fansigns, se déplacer pour soutenir les apparitions publiques, voter lors des émissions musicales et des cérémonies de récompenses… Tout cela représente un investissement financier, temporel et émotionnel considérable. Le fan a alors le sentiment que le succès de l’idol repose en grande partie sur ses efforts.


Lorsque l’idol officialise une relation, ce sentiment peut se transformer en frustration, voire en colère. Pour certains fans coréens, l’idol leur “doit” une forme de loyauté, et l’idée qu’il puisse aimer quelqu’un d’autre est vécue comme une trahison personnelle.


Le cas Chen et la fracture entre fans coréens et internationaux

Les fans demandant le retrait de CHEN d'EXO, 19 janvier 2020 crédit photo : JOONGANG ILBO
Les fans demandant le retrait de CHEN d'EXO, 19 janvier 2020 crédit photo : JOONGANG ILBO

Un exemple emblématique de cette fracture est celui de Chen du groupe EXO. Lorsqu’il a annoncé son mariage et la naissance prochaine de son enfant, une partie des fans coréennes a organisé des protestations devant la SM ENTERTAINMENT, demandant son retrait du groupe. Pour eux, le mariage symbolisait la fin de l’illusion en tant qu'idol.


Ce qui est fou, c'est que chez les fans internationaux, et notamment français, les réactions ont été complètement inverse. Beaucoup ont majoritairement exprimé leur soutien. Les fans ont salué son courage, soulignant qu’il était normal qu’un adulte puisse fonder une famille. Cette différence de réaction met en lumière deux visions opposées du rôle de l’idol : en Corée, une figure quasi institutionnelle au service de la communauté ; à l’international, un artiste avant tout, avec des droits individuels.


Un sentiment de communauté très fort en Corée du Sud


D'ailleurs, es slogans observés lors de certaines protestations envers Winter et Jungkook sont révélateurs. On a pu lire des messages tels que : « Si tu voulais être en couple, tu aurais dû vivre en tant que Kim Minjung, et non en tant que Winter d’Aespa ». Cette phrase illustre une idée profondément ancrée : l’idol, une fois entré dans ce rôle, n’est plus totalement une personne privée. Il incarne une image, un idéal, parfois même une projection collective.


"Si tu voulais avoir une relation aussi ouvertement alors ne vit pas en tant que Winter d'AESPA mais en tant que la fille ordinaire Kim Minjung" - Camion publicitaire posté devant la SM Entertainment. Crédit : Naver
"Si tu voulais avoir une relation aussi ouvertement alors ne vit pas en tant que Winter d'AESPA mais en tant que la fille ordinaire Kim Minjung" - Camion publicitaire posté devant la SM Entertainment. Crédit : Naver

La Corée du Sud est une société fortement influencée par le confucianisme, où le collectif prime souvent sur l’individu. L’idol a un rôle social à jouer, celui de modèle, de figure inspirante, parfois même de refuge émotionnel pour une jeunesse sous pression. Dans ce contexte, sa vie personnelle est perçue comme un élément du contrat implicite passé avec le public.


En France, pays marqué par l’individualisme et la valorisation de la liberté personnelle, cette logique est souvent incomprise. Nous fans français, remettons en question assez souvent les réactions des fans sud-coréen.e.s et avons beaucoup de mal à comprendre les émotions qui les traversent. En général, les fans français défendent majoritairement l’idée que « les idols font ce qu’ils veulent » et que leur vie privée ne devrait pas être soumise à l’approbation du public. C'est d'ailleurs le cas des stars françaises qui sont rarement les sujets de tabloïds aussi gros que les stars américaines ou sud-coréennes.



La situation de Seunghan, ancien membre de RIIZE, a d'ailleurs renforcé ce sentiment d'incompréhension des fans coréenn.e.s par les fans internationaux. Lorsqu’une ancienne relation amoureuse de l'idol a refait surface, les fans internationaux ont massivement pris sa défense, dénonçant une atteinte à sa vie privée et aussi le fait qu'il était normal qu'un idol adulte ait déjà eu des relations amoureuses dans le passé. En Corée du Sud, en revanche, la polémique a pris une telle ampleur que l’agence a finalement décidé de le retirer du groupe.


Ce contraste illustre à quel point la perception de la romance pour un.e idol diffère selon les cultures. Là où les fans français voient un moment de vie privée, certains fans coréens perçoivent une rupture de contrat moral.


Le rôle ambigu des agences

Si la relation entre fans et idols est complexe, celle entre idols et agences l’est tout autant. Certaines agences ont longtemps imposé des clauses de "no dating" interdisant toute relation amoureuse pendant plusieurs années. C’est une pratique associée à de grands groupes comme BLACKPINK ou TWICE et à quasiment toutes les agences de K-Pop. L'agence JYP Entertainement a même révélé que leur clause dure trois ans après le début d'un idol. L'agence peut être très sévère s'il s'avère que les idols sont en couple et ne respectent pas leur clause. L’un des exemples les plus frappants reste celui de Dawn et HyunA, exclus de CUBE Entertainment après avoir confirmé leur relation. Cette décision a choqué une grande partie du public international et mis en lumière la violence des rapports de pouvoir au sein de l’industrie.


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À l’inverse, d’autres structures ont parfois utilisé les relations amoureuses comme outil marketing, comme ce fut le cas pour EXID à une époque où Hani avait annoncé sa relation avec le chanteur Xia Junsu pour permettre de donner de la lumière au groupe. Cette instrumentalisation montre que la romance peut être perçue soit comme une menace, soit comme une opportunité, selon la stratégie adoptée.



LOVE ON TRIAL : quand la fiction rejoint la réalité


Si ce sujet vous intéresse, toutes ces tensions se retrouvent de manière saisissante dans le film LOVE ON TRIAL, qui sortira prochainement en salles. Le film suit l’histoire de Mai, une idole japonaise qui tombe amoureuse d’un ancien camarade de collège. Lorsque son agence découvre la relation, elle exige un dédommagement de huit millions de dollars pour le préjudice supposé causé à l’image de l’artiste.


À travers cette intrigue, le film interroge la notion de liberté et de la vie privée des idols, ainsi que la violence symbolique exercée par les agences avec qui ils signent. Le parallèle avec l’industrie coréenne est évident et résonne particulièrement auprès des fans de K-pop, qu’ils soient coréens ou internationaux. Si vous vous êtes déjà demandé pourquoi les relations amoureuses des idols provoquent autant de débats, pourquoi certaines annonces déclenchent des vagues de protestation alors que d’autres sont saluées à l’international, LOVE ON TRIAL apporte des clés de compréhension précieuses. Le film invite à découvrir en profondeur ce qui se passe derrière le rideau.


Une soirée exceptionnelle dédiée au film est organisée au Max Linder Panorama à Paris le mercredi 13 janvier 2026 à 19h, en présence de l’actrice principale Kyoko Saito, ancienne idole du groupe Hinatazaka46. Une occasion unique de découvrir un film qui questionne, dérange et éclaire, et qui permettra peut-être de regarder autrement les histoires d’amour des idols que nous suivons chaque jour.


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